Avis défavorable déposé dans le cadre de l’enquête publique sur le projet du golf de Villeneuve de la Raho

Monsieur le commissaire enquêteur,

Le groupe Local Europe Ecologie Les Verts Pays Catalan (EELV Pays Catalan) souhaite vous faire part de son opposition au projet de ZAC golfique de Villeneuve-de-la-Raho soumis actuellement à enquête publique.

Nous déplorons tout particulièrement les «  nombreuses insuffisances  » de l’étude d’impact relevées par la MRAE. En effet, comment évaluer la qualité de la prise en compte de l’environnement quand «  les insuffisances et manques de précisions  » portent sur  :

  • – La séquence Eviter-Réduire-Compenser  : quels sont les scenarios alternatifs qui ont été abandonnés au regard des enjeux environnementaux  ? Quelles sont les mesures de réduction, voire de compensation concernant la destruction des milieux naturels  ?
  • – La disponibilité de la ressource en eau dans un département exposé à la raréfaction de la ressource en eau, tant pour l’eau potable que pour l’irrigation.
  • – La préservation d’un paysage agricole et villageois.

UN PROJET D’UN AUTRE TEMPS, NEFASTE A L’ENVIRONNEMENT

Alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus prégnants dans notre territoire, que la biodiversité s’effondre, nous est proposé un projet du passé, incompatible avec la préservation de notre environnement et notre capacité de résilience face aux évènements extrêmes (inondations, sécheresses…). Toute consommation d’espace (ici 150 Ha d’espaces aujourd’hui agricoles et naturels) et son corollaire, l’artificialisation des sols, doit se fonder sur de solides études tant d’opportunité que d’impacts.

Nous contestons fortement l’apport du projet quant à la création/préservation d’une coupure verte au nord de la commune. Bien au contraire, l’opération viendra un peu plus dégrader ce corridor écologique et détruire de façon définitive son fonctionnement écosystémique avec des impacts non compensables sur la faune, la flore et la ressource en eau.

La réponse du porteur de  projet sur l’avis rendu par la MRAE ne contient aucune précision sur les points soulevés, nous faisant craindre des destructions irréversibles et donc une perte de biodiversité incompatible avec les textes de Loi et le dispositif Eviter/Réduire/compenser qu’ils se doivent pourtant de respecter.

Sur la faune et la flore

Le foncier est certes qualifié de friche, mais il s’agit de terres agricoles et milieux naturels (et non d’une friche industrielle imperméabilisée) assurant déjà une coupure verte.

La transformation en golf et en zones urbanisées, avec l’étalement urbain induit, ne peut en aucun cas améliorer la qualité et le fonctionnement écologique des milieux. Nous assisterons à la destruction de cet écosystème nécessaire pour la reproduction, l’alimentation, le repos des espèces animales et végétales qui ont besoin du maintien dans son état initial de la Znieff de type 1.

Il est indiqué que la zone humide Els Estanyots, d’une emprise de plus de 7ha, sera épargnée. Pour autant, le suivi proposé ne fait l’objet d’aucunes mesures financières additionnelles au coût des mesures en faveur de l’environnement inhérent à tout projet d’aménagement.

La survie de la ZNIEFF passe donc par la  non modification du système hydrique, ce qui n’est en l’espèce absolument pas le cas, pour éviter des effets irrémédiables sur le fonctionnement de cette zone naturelle et sur l’écosystème associé.

Sur la ressource en eau

Nous l’avons déjà évoqué, ce projet entraînera à moyen terme la disparition de la zone humide. L’étude d’impact est plus que lacunaire sur ce point alors que tous les scientifiques s’accordent sur le rôle et l’importance des zones humides dans la prévention des inondations.

Par ailleurs, il est indiqué que l’irrigation du golf se fera par l’arrosage à partir des eaux usées traitées de la station d’épuration de Villeneuve de la Raho sans que cela ne génère  d’infiltration vers la nappe et que des compléments d’arrosage seront apportés depuis le réseau d’eau brute de BRL. L’étude d’impact passe sous silence les effets sanitaires sur les vignes maintenues, sur la santé des salariés et la percolation.

Notre plus grande inquiétude concerne la mobilisation de la ressource de la retenue de Villeneuve de Raho. Il est vrai qu’elle est utilisée à une faible part de sa capacité mais il faut bien être conscient que c’est une des très rares ressources encore disponible et mobilisable sur le département des Pyrénées Orientales.

Ce sont plus de 55 millions de m3 qui sont prélevés chaque année par les collectivités pour satisfaire les besoins en eau potable des Pyrénées Orientales, département accueillant chaque année 5000 nouveaux habitants. Les nappes souterraines qui pourvoient à 95% de l’AEP sont en limite d’exploitation. Pour satisfaire les besoins en eau croissants du département (20 millions de m3 de plus d’ici 30 ans), il convient donc de préserver les ressources superficielles existantes et de trouver des ressources complémentaires.

Dès lors, le choix d’orienter tout ou partie de l’eau de cette  retenue vers un usage «  golf  » est donc plus que discutable, au vu de la préciosité de cette réserve et de son intérêt pour un usage eau potable de la population villeneuvoise et des communes voisines.

Cette question se pose d’autant plus au regard de l’arrêté préfectoral du 30 août dernier de restrictions provisoires de certains usages de l’eau issus des nappes souterraines et de la ressource superficielle.

La commune de Villeneuve-de-le-Raho est d’ailleurs concernée par ces restrictions.

Ceci est d’autant plus significatif, que cette année 2018 a été particulièrement pluvieuse, si cela a permis de sauvegarder les niveaux des ressources superficielles et des barrages, force est de constater que le niveau des ressources souterraines reste bas. Ce ne sont donc plus des ressources que nous pourrons mobiliser.

Les différents acteurs du département (élus, Etat, agence de l’eau, chambre d’agriculture, …) travaillent depuis plus de 10 ans à une stratégie eau articulée notamment autour d’économies d’eau et de partages de la ressource tant sur le plan territorial qu’au niveau des usages.

La démarche des porteurs contrevient à ces efforts . La raréfaction des ressources due au changement climatique doit nous pousser à envisager nos projets différemment en soumettant notamment au débat citoyen la question des usages de ce bien commun.


UN RISQUE FINANCIER QUI VIENDRA PESER SUR LES COLLECTIVITES ET DONC LES CONTRIBUABLES

Aux dégradations environnementales se cumule un risque financier pour la collectivité, sans création d’emplois significative au regard des investissements.

Le projet de ZAC golfique est surtout le support d’une opération immobilière très risquée qui peut mettre à mal les finances de la commune, déjà épinglée par la Cour des comptes en 2017 pour endettement excessif (171%).

Il s’agit ici de la construction, au-delà du golf et des équipements annexes, de 600 logements (52% d’urbanisation supplémentaire par rapport à l’existant), opération qui nécessitera pour l’accueil des nouvelles populations de lourds investissements sur les infrastructures scolaires, de services, … à la charge de la collectivité.

UNE PROSPECTIVE EMPLOIS GRANDEMENT SURRESTIMEE

L’étude socio-économique comporte de nombreuses lacunes  : les besoins en logement ainsi que les retombées économiques d’une activité golfique ont été largement surestimés.

Les propriétaires de golfs et dirigeants d’associations sportives ont par voie de presse (article de l’indépendant du mardi 18 septembre) manifesté leurs inquiétudes et leurs oppositions à l’installation de ce nouveau golf.

Ils mettent en avant la baisse du nombre de licenciés dans les Pyrénées Orientales ( 1918 en 2016 et seulement 1886 en 2018) mais aussi au niveau national où on attendait 500 000 licenciés pour 2018 alors qu’ils sont moins de 400 000.

Ce sont déjà 3 golfs qui existent sur le département dont celui de Montescot à moins d’un kilomètre. Ce nouveau golf vient mettre en péril ces activités déjà installées et tous les emplois qui y sont liés.

Ils remettent d’ailleurs en cause les 200 emplois annoncés par la création du projet de Villeneuve-de-la-Raho, en comparaison le 18 trous de Saint Cyprien adossé à un hôtel 4 étoiles de 50 chambres n’emploie que 30 CDI.

Ces propos viennent manifestement conforter la légèreté de l’étude socio-économique.