La loi travail : la double peine pour les femmes !

Une des mesures phares du projet de loi El Khomri est d’imposer les accords d’entreprise sur les accords de branche ou la loi. Ce principe est fondamentalement nuisible à la lutte pour l’égalité professionnelle, qui n’a avancé qu’imposée par la loi et sous la pression des luttes féministes. Les femmes sont plus nombreuses dans les secteurs les moins couverts syndicalement, comme le commerce, l’aide à domicile ou encore dans les PME de moins de 50 salariés où les syndicats sont souvent absents. Les salarié.e.s auront donc moins de possibilité de négocier et de se mobiliser face à un patronat toujours plus dominant. Faire primer les accords d’entreprise entraînera donc une baisse des droits et garanties collectives notamment dans les secteurs à prédominance féminine.
Le temps de travail est le premier facteur discriminant pour les femmes : ce sont elles qui effectuent toujours 80% des tâches ménagères ! Au lieu de réduire la durée légale du travail pour faire converger le temps de travail des hommes et des femmes, et permettre à toutes et tous d’exercer leurs responsabilités familiales, ce projet de loi renforce considérablement la flexibilité, en augmentant les durées maximum de travail, notamment pour les cadres, et en renforçant les possibilités pour l’employeur de modifier de façon unilatérale les horaires et le temps de travail sans déclencher d’heures supplémentaires. Pour les salarié.e.s à temps partiel, c’est la double peine : un salaire partiel, une précarité maximum, et des heures supplémentaires qui seront demain encore moins bien payées (le taux de majoration légal ne sera plus que de 10%, alors qu’il atteignait 25% actuellement)! Et bien sûr, 80 % des salarié.e.s à temps partiels sont des femmes !
La médecine du travail sera également impactée. La pénibilité des secteurs à prédominance féminine étant sous évaluée, ces métiers risquent de perdre tout suivi médical. De plus, les employeurs pourront contourner l’avis du médecin du travail, ce qui posera problème lors des cas de violences sexistes et sexuelles où les employeurs contestent les avis.  
Et pour toutes celles qui ne pourront pas s’adapter à la flexibilité imposée (modulation des horaires de travail, des salaires, de la mobilité), les modalités de licenciement sont facilitées.
Alors, comme à chaque fois que des mesures d’austérité ou anti-sociales sont à l’œuvre, nous disons, en tant que féministes : Les femmes seront les premières victimes, non à la double peine !


*Collectif départemental féministe composés d’associations (APEX, ASTI, ATTAC, LDH, MRAP, MFPF), de partis (CUP, EELV, NPA, PCF, PG) et de syndicats (FSU, Solidaires, CGT)